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quel, d’ailleurs, il était fort propre. Le maréchal Maison qui n’avait reçu ce portefeuille qu’en dépôt, ou, si l’on veut, en entrepôt, le lui céda volontiers en échange d’une ambassade, voire même d’une simple promesse d’ambassade ; nouvelle preuve, s’il en était besoin, qu’un ministère en voie de formation ne rencontre que des hésitations et des résistances, mais qu’un ministère une fois formé trouve facilement à se recruter : en cela, comme en tout, il n’y a que le premier pas qui coûte.

Devenu premier ministre, M. Laffitte se vit forcé de renoncer au fauteuil dans la Chambre des députés, à ce fauteuil qu’il avait d’abord disputé sans succès à M. Perier, et reçu plus tard de la bonne grâce de celui-ci. Comme ministre des finances, il avait pour second, en qualité de sous-secrétaire d’État, M. Thiers, à son début dans la carrière des affaires, et, pour conseiller bénévole, son propre prédécesseur, M. Louis, dont M. Thiers était l’élève.

Ce fut un arrangement dont nos finances se trouvèrent très bien.

Le 3 novembre fut un jour très vif et très curieux. Le nouveau ministère fit son entrée dans