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je commence par moi-même.

Je ne suis ni légitimiste ni démocrate au sens qu’on attribue de nos jours à ces deux dénominations. Je n’estime pas qu’il y ait, en politique, des dogmes, c’est-à-dire des principes supérieurs à la raison et à l’intérêt social. Ce que j’ai dit tout haut, publiquement, à la tribune, j’ai le droit de le redire dans le silence du cabinet.

Je ne crois pas au droit divin.

Je ne crois pas qu’une nation appartienne à une famille, qu’elle lui appartienne corps et biens, âme et conscience, comme un troupeau pour en user et en abuser, de telle sorte que, quoi que fasse cette famille, à quelque extrémité qu’elle se porte, de quelque énormité qu’elle se rende coupable, le droit de régner lui demeure.

Mais je ne crois pas davantage à la souveraineté du peuple.

Je ne crois pas qu’un peuple ait le droit de changer son gouvernement quand il lui plaît, comme il lui plaît, uniquement parce que cela lui plaît. Je ne reconnais pas à la majorité plus un d’une nation le droit de se passer, ses fantaisies en fait de gouvernement je ne reconnaîtrais pas ce droit à l’unanimité d’une nation, parce que je