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à peu près, dans l’instruction publique, les études classiques, et de leur substituer un nouveau et plus grand développement des études scientifiques et professionnelles. Déjà M. de Tracy avait annoncé une proposition à ce sujet, qui n’était que trop conforme à l’état de nos mœurs et aux penchants d’une société démocratique.

« Dans un temps tel que le nôtre, ai-je dit ailleurs, dans un pays tel que la France actuelle, dans un temps, dans un pays où le niveau de l’égalité, après avoir passé rapidement sur toutes les têtes, tend à passer graduellement sur toutes les fortunes ; où la classe moyenne, c’est-à-dire la classe active et prépondérante, se recrute chaque jour largement dans la classe supérieure par la division des héritages, et dans la classe inférieure par l’accroissement de l’aisance ; où chaque homme a, pour ainsi dire, sa fortune à faire ou à refaire, ne fût-ce que pour la conserver ; dans un tel temps, disons-nous, dans un tel pays, il existe inévitablement un courant continu qui tend à faire descendre l’éducation libérale au rang de l’éducation professionnelle, à réduire les sciences à l’industrie et la théorie à la pratique ; ce que le père de famille demande à l’instruction publique, c’est de lui ren-