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et je prévois que, ne partageant pas son opinion, je ne saurais lui promettre ni lui prêter mon concours. »

Cet argument à bout portant fit son effet. Il obligea M. Laffitte, je ne dis pas à se démasquer, mais à se découvrir, à manifester ses prétentions et à expliquer ses vues. Il n’en fallut pas davantage pour rendre le remaniement du ministère impossible. M. Guizot offrit sa démission comme moi, et le roi accepta l’une et l’autre. M. Laffitte, désormais chargé, en titre d’office, de la présidence, employa plusieurs jours à essayer de se recruter un ministère dans les débris de celui qui se retirait ; il n’y réussit que très imparfaitement. Le roi exerça son ascendant sur le maréchal Gérard et le général Sébastiani ; M. Louis et M. Molé résistèrent à toutes ses sollicitations. J’assistai, à peu près sans y prendre part, aux délibérations qui précédèrent la formation du nouveau ministère. Il eut cela de bon que les ministres sans portefeuille n’y figurèrent plus. M. Laffitte, président du conseil, remplaça M. Louis aux finances ; le maréchal Maison, M. Molé ; M. de Montalivet, M. Guizot. M. de Montalivet était un très jeune homme, à peine avait-il atteint l’âge de sa majorité