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Le 14, vers une heure après midi, les deux Chambres étaient réunies, chacune dans la salle de ses séances, pour recevoir la triste communication de l’événement qui jetait, depuis l’aube du jour, la consternation dans tous les cœurs : une sorte de fou, nommé Clauzel de Coussergues, porta le premier coup. Il accusa effrontément M. Decazes de complicité dans le meurtre du duc de Berry, accusation qu’il réduisit le lendemain, sur les instances de son parti, en simple accusation de haute trahison.

Le 15, à cinq heures du soir, le ministère présentait à la Chambre des pairs un projet de loi qui replaçait sous la censure les journaux et les écrits périodiques, et, à la Chambre des députés, un projet de loi qui suspendait la liberté individuelle, plus le fameux projet de loi sur les élections, retravaillé à dire d’experts.

Il va sans dire que je ne fus point consulté sur tout cela ; mais, au lieu de m’en féliciter, au lieu de faire la part des circonstances et de la position terrible où M. Decazes se trouvait placé, je fus assez sot pour en prendre de l’humeur, et pour écrire à M. de Serre une lettre violente, en l’invitant à donner sa démission. Je ne l’eus pas plus tôt