Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/81

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son nom, s’il a été, comme ces mémoires en rendent, à mon avis, témoignage, l’un des maîtres de notre langue, le talent de parler, chez lui, comme chez beaucoup d’autres, d’ailleurs, n’égalait pas, tant s’en faut, celui d’écrire. Au reste, je dois convenir qu’à l’époque dont je parle, parvenu au comble de la puissance, objet d’adoration, et presque d’idolâtrie, il était loin de porter dans les affaires, cette activité vigilante et puissante qui avait signalé les premiers temps de son règne. Les procès-verbaux de la discussion du Code civil lui font plus d’honneur que les séances auxquelles j’ai assisté, et l’abjection servile de cette admiration qu’excitaient ses moindres paroles, me rend peut-être injuste à son égard.

Dans le court intervalle qui sépara mon entrée au conseil d’État du départ de l’empereur pour la campagne de 1809, deux sujets ont occupé principalement ce corps, le seul, à cette époque, où régnait quelque activité : c’étaient le Code pénal et la loi sur les mines. Treilhard était rapporteur du code pénal, l’empereur prenait peu de part à la discussion, et semblait y porter peu d’intérêt ; la loi sur les mines éveillait davantage son attention ; il y avait là une question de propriété ardue et délicate que