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emploi sous la monarchie comme sous la République, et passer de l’une à l’autre, selon le temps, avec une sorte d’indifférence magnanime, n’a jamais ou du moins presque jamais promis la liberté par la turbulence, et l’ordre par la servitude !

Durant mon séjour à Amsterdam, j’ai visité Sardam, la Nord-Hollande et le singulier village de Broeck, où se trouvaient déposées, dit-on, ou plutôt enfouies les richesses matérielles, produit de l’ancien commerce hollandais : diamants, dentelles, bois des Îles, etc. J’ignore, après tant d’années, ce qu’est devenu ce village ; mais, en 1806, il offrait, à coup sûr le coup d’œil le plus extraordinaire. Les rues étaient dessinées par des haies de buis, à hauteur d’appui, représentant des figures humaines ou autres : ici une partie de whist, là un concert composé de musiciens et d’instruments de musique ; on arrivait à la place centrale par le manche du violon. Le sol des rues était recouvert en sable fin de diverses couleurs ; ce sable était distribué en compartiments réguliers, qui se maintenaient en cet état presque sans efforts, parce que personne ne traversait ces rues artificielles. Les maisons du village, entourées de petits jardins, communiquaient