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nèrent pas un seul jour, pas une heure, pas une minute. Ce qu’elle craignait, c’était de ne pas se voir mourir ; c’était, en s’endormant, de ne plus se réveiller.

Triste pressentiment.

Le 13 juillet, vers onze heures du soir, à l’issue d’une journée très pénible, tout semblait au repos dans la chambre de madame de Staël, elle sommeillait. Mademoiselle Randall était assise à son chevet, tenant l’une des mains de la malade dans les siennes ; ma femme était couchée tout épuisée sur un lit de sangle et mon beau-frère étendu sur un canapé ; je rentrai chez moi, et me jetai tout habillé sur mon lit. Vers cinq heures du matin, je fus réveillé en sursaut, je me jetai à bas de mon lit, et je courus vers la chambre de madame de Staël. Mademoiselle Randall, qui s’était assoupie, en tenant, comme je le disais, la main de la malade dans les siennes, avait trouvé en s’éveillant cette main glacée, le bras et la personne entière sans mouvement.

Tout était fini.

Le médecin ordinaire, appelé à la hâte, ne trouva plus sur le lit qu’un cadavre inanimé.

Je n’essayerai point de peindre la désolation de