alors tout jeune et inconnu, M. Rossi, y fit une courte apparition.
Lord Byron, exilé volontaire, parvenu, non sans peine, à se faire passer auprès du beau monde de son pays, sinon pour le diable en personne, du moins pour un vivant exemplaire de Manfred ou de Lara, lord Byron, dis-je, s’était établi pour l’été dans une charmante habitation sur le côté oriental du lac de Genève. Il y vivait de compagnie avec un médecin italien nommé Polidori qui le copiait tant bien que mal. C’est là qu’il a composé plusieurs de ses petits poèmes, et qu’il s’efforçait d’inspirer aux bons Genevois la même horreur et la même terreur qu’à ses compatriotes ; mais il n’y réussissait qu’à demi, et c’était pure affectation. « Mon neveu, disait Louis XIV, en parlant du duc d’Orléans, n’est qu’un fanfaron de crime. » Lord Byron n’était qu’un fanfaron de vice.
Comme il faisait état d’être nageur et navigateur, il traversait sans cesse le lac en tout sens, et venait assez souvent à Coppet. Son extérieur était agréable sans avoir rien de très distingué. Sa figure était belle, mais dépourvue d’expression et d’originalité ; sa taille était ronde et courte ; il ne manœuvrait pas ses jambes estropiées avec autant