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degré, avec un peintre français nommé Fabre, était, malgré sa haute naissance, ses hautes alliances et ses illustres amitiés, une bonne femme assez commune, ou, pour mieux dire, une véritable commère.

Chaque jour, entre deux et trois heures de l’après-midi, elle tenait boutique de caquets et de médisances. Chaque membre du petit club y apportait le tribut des petites nouvelles de la veille, en les assaisonnant de ses petits commentaires.

N’était pas admis qui voulait dans ce cénacle. Madame de Staël le fut par exception, et moi par contre-coup ; mais je n’en abusai pas : à la première fois, je me le tins pour dit. La médisance m’a toujours paru la plus puérile et la plus sotte chose du monde.

Les soirées étaient vives, gaies, animées sous toutes les formes. J’ai oublié le nom des beautés florentines qui en faisaient l’ornement. Je ne me souviens guère que des Italiennes que j’ai revues depuis sur d’autres théâtres à Paris, à Londres, à Naples ou ailleurs.

À leur tête brillaient deux Génoises, devenues depuis à peu près Françaises, ou pour mieux dire Parisiennes, en raison du long séjour qu’elles ont