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reprochés au maréchal Ney, ni préméditation, ni dessein de trahir. Il est parti, très sincèrement résolu de rester fidèle ; il a persisté jusqu’au dernier moment. Au dernier moment, il a cédé à l’entraînement qui lui paraissait général, et qui ne l’était que trop en effet. C’est une faiblesse que l’histoire qualifiera sévèrement, mais qui ne tombe point, dans le cas présent, sous les définitions de la loi. Il est, d’ailleurs, des événements qui, par leur nature et leur portée, dépassent la justice humaine, tout en restant très coupables devant Dieu et devant les hommes.

Je dois ce témoignage à la Chambre, que la témérité, je dirai presque, vu le temps et les circonstances, le scandale de mon premier vote, n’excita ni exclamation ni murmure et qu’à l’issue de la séance personne ne s’éloigna de moi et ne me fit plus fraîche mine que de coutume. Nous vivions cependant, et, en ce moment, nous délibérions sous une atmosphère d’intimidation dont le poids était étouffant. Je n’en veux citer qu’un exemple.

Parmi les anciens sénateurs conservés dans la nouvelle Chambre des pairs, se trouvait un petit général Gouvion, qui n’était pas, je crois, parent