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lorsque j’appris la part qu’il avait prise à l’évasion de M. de la Valette. Nous le retrouverons une fois ou deux dans le cours de ce récit.

Tandis que le condamné de la cour d’assises narguait ainsi, non pas la justice, à coup sûr, mais l’iniquité même dans son propre palais, le procès du maréchal Ney, déjà commencé, marchait d’incident en incident.

Le maréchal avait comparu, le 9 novembre, devant un conseil de guerre composé de maréchaux et de généraux dont la plupart avaient, comme lui, pris parti pour l’usurpateur relaps et certainement auraient épargné sa vie. Il avait récusé ce conseil, pour se livrer à la Chambre des pairs, où il ne comptait guère que des ennemis. Comment ses avocats, les deux Berryer, père et fils, comment Dupin lui laissèrent, ou lui firent commettre cette faute capitale, — capitale, c’est le mot propre, – je n’ai jamais pu le comprendre.

On sait que, le 11 novembre, c’est-à-dire le lendemain du jour où le conseil se fut déclaré incompétent, M. de Richelieu, le successeur de M. de Talleyrand, s’en vint à la Chambre des pairs, comme un furieux, tenant en main un discours écrit tout entier par M. Lainé, et demandant justice