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Bientôt après vint le tour de M. de Talleyrand ; les élections terminées, il disparut devant l’ombre de la Chambre introuvable, qu’il avait trouvée et préparée de ses mains ; le 7 octobre, les deux Chambres, l’une toute nouvelle, l’autre ayant fait peau neuve, se réunirent pour voter, d’entrée de jeu et presque d’acclamation, une loi draconienne sur les écrits et les cris séditieux, une loi suspensive de la liberté individuelle, une loi qui rétablissait les cours prévôtales.

Tout ceci m’était odieux.

Je m’étais senti profondément humilié du traitement rébarbatif infligé à la Chambre dont je faisais partie. J’en avais vu sortir, à mon grand regret, la plupart des anciens sénateurs, avec lesquels j’avais fait campagne en 1814. Mon chagrin même en était venu à ce point, que je résolus de donner ma démission, et de me ranger ainsi volontairement parmi les éliminés. Le coup d’État royal ayant ouvert la Chambre des députés aux hommes de vingt-cinq ans, je comptais essayer de rentrer par cette voie dans les affaires. J’allai consulter, à ce sujet, celui de mes anciens collègues qui m’inspirait le plus de confiance par l’élévation de son caractère, sa raison et son expérience, M. de Ponté-