Dès le 25 juin, c’est-à-dire dès la première nouvelle de la bataille de Waterloo, la populace de Marseille, je la nomme cette fois par son nom, se jeta sur les bonapartistes réels ou supposés, entre autres sur une petite colonie d’Égyptiens, vulgairement désignés sous le nom de mameloucks, et la mit en pièces. Dès le 15 juillet, Trestaillons, quatre Taillons, tous les Taillons du monde, à la tête de soi-disant volontaires royalistes, fondirent sur les protestants de Nîmes, et en firent un grand carnage. Le maréchal Brune fut massacré le 15 août à Avignon, le général Ramel fut massacré le 17 à Toulouse. Jusque-là, le gouvernement n’y était pour rien ; il se bornait déplorer timidement ce qu’il ne pouvait guère prévenir et ce qu’il n’osait guère réprimer ; mais presque en même temps commencèrent les réactions juridiques.
Labédoyère, arrêté à Paris le 2 août, fut condamné par un conseil de guerre et fusillé le 19. Il était, à coup sûr, très coupable devant la loi, et très insensé devant la raison ; mais comment ne pas le plaindre ? il n’avait fait que devancer d’un jour l’entraînement de ses frères d’armes. J’avais connu cet infortuné chez madame de Staël ; il avait longtemps, et durant le plus grand éclat de l’Empire,