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de coutume assez mollement. On voit par là, que j’étais personnellement loin de m’attendre au dédommagement qui m’était réservé. Cela peut paraître extraordinaire, mais n’en est pas moins vrai. J’avais totalement oublié que j’étais le chef de la branche aînée de ma famille, l’héritier du duché de Broglie, et, qu’à ce titre, puisqu’il s’agissait de créer une Chambre des pairs, j’y devais être naturellement appelé.

Heureusement, d’autres y pensaient pour moi ; mon oncle, le prince Amédée de Broglie, qui pouvait très bien, en qualité d’ancien aide de camp de M. le prince de Condé, faire pencher la balance en sa faveur, fit au contraire valoir mes droits, sans m’en prévenir, avec beaucoup de zèle et de désintéressement. Le flot de la Restauration était d’ailleurs pour moi, sans que j’eusse besoin de m’en mêler. Ce ne fut pas néanmoins sans beaucoup de surprise que je reçus, le matin même du 4 juin, la lettre close qui convoquait la future Chambre des pairs, composée d’anciens sénateurs et d’anciens grands seigneurs, dans les salles du palais Bourbon où siégeait la Chambre de députés.

La séance fut imposante, solennelle et, à tout prendre, satisfaisante. Le discours du roi, grave,