successivement, sous l’Empire, préfet de Rouen, conseiller d’État, administrateur du royaume de Westphalie, M. Beugnot était, à coup sûr, un homme très honnête et très éclairé. Son esprit était étendu, simple et sagace, son instruction très variée, sa conversation charmante. Il avait vu beaucoup d’hommes et beaucoup de choses ; il les avait très bien vus, et sa mémoire était infaillible. Mais il n’avait pas entièrement échappé au funeste effet des révolutions successives, couronnées par l’administration impériale ; son caractère n’était pas au niveau de ses lumières ; il avait un peu l’épine dorsale brisée ; en un mot, il appartenait plus ou moins à la tribu des fonctionnaires.
Il n’obtint point, par cela même, dans la rédaction de la Charte, tout l’ascendant que la supériorité de son esprit et de son expérience lui pouvait naturellement acquérir. Parmi les dispositions qu’il laissa passer, sans trop de résistance, il en était une qui nous touchait au vif, mon ami Bellisle et moi : c’était celle qui fixait à quarante ans l’âge exigé pour entrer à la Chambre des députés. Cette disposition nous condamnait, pour dix ans et plus à l’oisiveté politique ; nous en fîmes à M. Beugnot des reproches très amers, dont il se défendait comme