Fidèle à mon dessein de ne parler que de moi-même, de ce que j’ai fait, de ce que j’ai vu, je ne dirai rien des événements qui ont entraîné la chute de l’Empire, et des menées qui l’ont précédé ; des démêlés de l’empereur avec le Corps législatif, de ses négociations réelles ou non avec les puissances étrangères, des prouesses de la campagne de France, de la fidélité d’une partie de ses serviteurs, et de la défection d’une autre partie. Je n’en dirai rien, parce que, personnellement, je n’en ai rien su, parce que je n’en sais rien encore aujourd’hui que ce que j’en ai lu ou entendu dire. Je dirai simplement que, dans les deux mois qui précédèrent le nouvel et dernier départ de l’empereur pour l’armée, la société officielle, voire même celle qui ne l’était pas, se partageait entre deux salons, celui de M. de Bassano, redevenu secrétaire d’État, en cédant à M. de Caulaincourt les affaires étrangères, et celui de M. de Talleyrand, toujours en disgrâce, mais toujours sur pied, comme grand dignitaire de l’Empire.
Ces deux sociétés se raillaient et se dénonçaient mutuellement. Dans la seconde, on réclamait la paix à grands cris et à tout prix ; dans la première, on comptait encore sur quelque miracle du savoir-