Talleyrand, plus clairvoyant et plus résolu que M. de Caulaincourt. Je ne le plains point de n’avoir pas assisté à la chute de l’Empire ; il ne l’aurait ni trahi dans ses revers, ni déserté au dernier moment ; sa position, au retour des Bourbons, aurait été pénible et fâcheuse. Ce qu’il y avait en lui d’inépuisable bonté, de générosité naturelle, d’affection sincère, ce qu’il y avait dans son esprit de lumière et de solidité, sous la grâce et la frivolité apparente de l’homme du monde, nul ne l’a su mieux que moi ; nul ne l’a plus amèrement regretté.
En regagnant la France, je rencontrai à Hanau deux officiers de la maison de l’empereur : M. de Mesgrigny, son écuyer, M. de Bausset, sous-préfet du palais ; nous soupâmes ensemble plus gaiement que nous n’aurions dû ; ils me félicitaient de retourner à Paris, et plaisantaient sur le désagrément de rentrer en campagne. Je ne pus parvenir à leur faire entrer dans l’esprit quelque chose de sérieux. Comment se sont-ils tirés de la bagarre de Leipsick ? Je l’ignore, mais ni l’un ni l’autre n’y a laissé ses os.
Arrivé à Paris, après avoir revu ma famille, je me mis à la disposition de l’archichancelier, en