Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/251

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sauf-conduits, etc. Je m’y rendis en voiture, et à la tombée de la nuit pour éviter toute fâcheuse rencontre. Je traversai toutes les salles qui précédaient le cabinet du prince, et ces salles étaient nombreuses, remplies d’officiers généraux, d’officiers de tout grade, d’employés de tout ordre et de toute nature.

Je n’étais pas exempt de quelque appréhension en traversant cette cohue d’uniformes et d’habits brodés ; je craignais d’entendre quelque propos qu’il me serait également difficile de relever et de passer sous silence. M. de Metternich, je pense, en était également préoccupé ; car il vint au-devant de moi, me prit par le bras et me conduisit rapidement dans son cabinet.

Le peu que nous avions à régler ensemble était l’affaire de quelques minutes ; mais il me fit asseoir près de son bureau, et me retint près d’une heure.

J’aurais tort de dire qu’entre nous ce fut une conversation, car il parla à peu près seul, l’œil humide, les mains crispées, le front couvert de sueur. Il m’expliqua en grand détail les desseins qu’il avait formés, les efforts qu’il avait faits, depuis le jour de nos désastres, pour conserver la paix et maintenir l’alliance entre l’Autriche et la