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l’idée de l’entrée de l’Averne, telle qu’elle est décrite par les poètes : la barque qui vous porte est réellement pour l’imagination la barque à Caron. En revenant de Cracovie à Varsovie, je m’arrêtai, ainsi que je l’avais promis, quelques jours à Pulawy. Ce fut là que j’appris les deux terribles et stériles victoires remportées par l’empereur, le 17 août à Smolensk, et le 7 septembre à la Moscowa : heureusement le fils cadet du prince Czartoryski, qui servait dans le corps du prince Poniatowski, était sorti sain et sauf de ces effroyables journées. Et, à cette occasion, je rapporterai ce qui m’a été dit plus tard par le prince Poniatowski lui-même. Comme il m’expliquait l’assaut donné à Smolensk, et l’impossibilité évidente où il se trouvait d’emporter une muraille avec de la cavalerie : « Je ne sais trop, me dit-il en riant, ce que l’empereur voulait de nous ; je crois qu’il voulait savoir ce qu’il en pouvait exiger sans nous rebuter. » Le récit de l’assaut de Smolensk, tel qu’il est décrit par M. Thiers, ne cadre pas exactement avec cet incident.

J’appris en arrivant à Varsovie l’incendie de Moscou.

On ne peut bien juger, à la distance des temps et des lieux, et l’histoire ne rendra jamais l’im-