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leur temps, rédacteur du Logographe, mais devenu tout-puissant auprès du tout-puissant vainqueur de l’Europe, les déterra, les accueillit, et leur fit force promesses, promptement oubliées dès qu’il eut le dos tourné, mais qui lui revinrent en mémoire lorsque, resté seul à Wilna, tandis que l’empereur marchait sur Moscou, et chargé, en apparence, de ressusciter et d’organiser le royaume de Pologne, il jugea convenable d’appeler près de lui des collaborateurs assez intelligents pour l’assister, et assez obscurs pour ne pas le compromettre.

D’André et Pellenc furent mandés à Wilna, avec invitation de s’arrêter à Varsovie jusqu’à nouvel ordre, afin de s’entendre avec l’ambassadeur, ce qui leur était d’autant plus facile et plus agréable qu’ils le connaissaient de longue date ; et le royaume de Pologne s’étant peu à peu dissipé en fumée, ils nous restèrent, en définitive, comme une cinquième roue à un carrosse qui, n’ayant absolument rien à faire, en avait déjà quatre fois trop de quatre.

Je ne sais trop, en effet, si, parmi les fantaisies qui traversaient, à cette époque d’infatuation, la tête du roi des rois, celle de rétablir la Pologne, a tenu bon pendant quelque temps. J’en ai toujours douté, pour ma part ; j’en doute encore,