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voudrait, pourvu qu’il me tirât de ce guêpier.

Je reçus, courrier pour courrier, ma nomination d’auditeur attaché à l’ambassade de Varsovie. C’était changer de carrière. C’était entrer dans la carrière diplomatique par le dernier des grades. Les circonstances données, je n’hésitai pas. Peu m’importait d’ailleurs ; mon parti était pris de quitter le service impérial. Je m’étais assuré que, pour y réussir, il ne suffisait ni de l’activité, ni du zèle, ni de l’intelligence. Depuis mon séjour en Espagne, le service me faisait horreur, et je ne cherchais, pour en sortir, qu’une porte qui ne fût pas celle du donjon de Vincennes.

Je fis rapidement mes préparatifs, et traversai plus rapidement encore l’Allemagne. Chemin faisant, je rencontrai, entre Weimar et Gotha, l’un de mes amis, M. de Saint-Aignan, beau-frère de M. de Caulaincourt, et ministre près des petites cours de Saxe. Nous descendîmes de voiture, et nous causâmes assez longtemps sur le présent et l’avenir et sur l’entreprise du nouveau Xerxès, auquel il ne manqua pour ressembler tout à fait à son devancier, que de faire fouetter les marais de la Pologne et les sables de la Russie.

Je ne m’arrêtai que quelques heures à Postdam,