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notre réunion, et, comme moi, n’en augurant rien de bon. Nous attendîmes à peu près une demi-heure, puis on nous fit entrer dans une pièce qui précédait le cabinet du ministre. Là, lui-même vint nous trouver et nous expliqua, avec bonhomie et bonne humeur, qu’il avait besoin de quatre ou cinq d’entre nous pour en faire des commissaires de police dans les villes anséatiques. Il s’étendit complaisamment sur la beauté des postes et sur les services que nous serions appelés à rendre à l’empereur et à la grande armée. Chacun de nous s’excusa du mieux qu’il put : je me contins ; je fis valoir mon ancienneté, mes services. Le duc de Rovigo ne se fâcha point, prit les excuses en bonne part ; mais il maintint son dire qu’il lui fallait quatre ou cinq d’entre nous, nous invita à faire nous-mêmes le choix, en nous donnant à entendre que, si nous tardions trop, nous aurions lieu d’en être les mauvais marchands.

J’étais parfaitement résolu à tout risquer, même la cellule de M. Desol de Grisolles, plutôt que de subir un pareil opprobre ; mais, afin d’éviter, s’il était possible, l’un et l’autre, j’écrivis à M. de Bassano, je lui racontai L’aventure, et lui demandai de me placer où il voudrait, comme il