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était possible, et que tout y était excusé de part et d’autre, si c’est une excuse, par l’atrocité des représailles.

De retour à Valladolid, nous y passâmes assez tranquillement la fin de l’année.

Les communications avec la France étaient fréquentes. L’empereur, à la veille de partir pour la campagne de Russie, expédiait officiers sur officiers vers tous les points de la péninsule.

La plupart de ces officiers étaient réellement envoyés pour affaires de service ; quelques-uns néanmoins l’étaient quelquefois pour tout autre chose ; c’était une sorte d’ostracisme infligé aux galants, lorsque les intrigues des vertueuses princesses du sang impérial et des grandes dames de la cour faisaient assez de bruit pour effaroucher la recrudescence de modestie survenue à notre nouveau marié couronné.

Au nombre de ces pénitents non convertis figurait un de mes amis, Jules de Canouville, aide de camp du prince de Neuchatel et frère de mon camarade à la section de la guerre. Je n’exagère pas en disant que, durant le cours de mon exil en Espagne, il a subi quatre fois cette pérégrination disciplinaire. Lorsque, le matin de bonne heure,