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odieux, où l’on reconnaîtrait plus volontiers le langage d’un terroriste en mission dans la Vendée, que celui d’un maréchal de France parlant au nom de l’auteur du Code civil et du Concordat, je ne puis me défendre d’un profond sentiment de regret et d’humiliation. À coup sûr, je n’étais pour rien dans de pareils actes ; je n’avais pas voix au chapitre, et mon nom, placé au-dessous de celui du maréchal, n’y figurait que pour copie conforme, comme figure le nom d’un greffier, au pied d’un arrêt auquel il n’a pas concouru. Néanmoins, je le reconnais, j’aurais dû tout risquer plutôt que de m’y prêter, et je dois m’estimer fort heureux qu’aucun de ces actes, imprimés et affichés sur les murs de Valladolid, ne soit tombé, au temps où j’étais ministre, dans les mains des journalistes ; l’explication en aurait été difficile, et l’esprit de parti en aurait tiré bon parti.

Peu de temps après notre installation, le maréchal Bessières nous quitta pour porter secours, avec une partie de son armée, au maréchal Masséna qui rentrait en Espagne, à l’issue de sa funeste campagne de Portugal, et qui se trouvait serré de près par le duc de Wellington. Les deux maréchaux perdirent ensemble comme chacun sait, la bataille