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très vaste, très convenable et très peu dispendieux ; situé sur la grande place de la ville ; mais je n’y restai pas longtemps. Deux jours après mon installation, en me levant de bon matin et en mettant la. tête à la fenêtre, j’eus pour premier coup d’œil un pauvre prêtre que l’on pendait à la façon du pays, c’est-à-dire en l’asseyant sur une chaise et en lui passant autour du cou une corde que l’on serrait à l’aide d’une manivelle. Il y en avait huit autres au pied de l’échafaud, disant leurs prières et attendant leur tour. Je me reculai avec horreur, et, dans la journée même, j’avais fait mon déménagement.

Nous nous établîmes, Frochot et moi, dans une maison entièrement abandonnée ; nous y fîmes, réparer les portes et les fenêtres, construire des cheminées, installer un mobilier suffisant, de telle sorte que les propriétaires, lorsqu’ils sont rentrés, ont dû la trouver en bien meilleur état qu’à leur départ.

Il n’existait à Valladolid aucune société ; nulle maison ne nous était ouverte ; point de spectacle ; personne aux promenades. Nous vivions entre Français. Heureusement l’état-major du maréchal était composé d’hommes distingués et dont plu-