Arrivé à Bayonne, j’appris que M. Dudon était déjà reparti en se faisant donner une escorte de poste en poste. N’ayant aucun droit d’en exiger autant, je fus réduit à séjourner jusqu’à la plus prochaine formation d’un convoi.
Je restai à Bayonne environ quinze jours. Durant ce temps, mes camarades d’exil arrivèrent, et nous fîmes connaissance.
Le plus distingué d’entre eux était Pépin de Bellisle. C’était un esprit rare et un noble cœur. Il était, au vrai, bien plus à plaindre et bien plus maltraité que moi ; son frère aîné, auditeur comme lui, avait été scié, entre deux planches, à Santarem près de Lisbonne. Il était plus que dur, assurément, de ne s’en être pas souvenu, en dressant la liste des jeunes gens qu’on envoyait à pareille fête.
Après lui, venait Frochot, le fils unique du préfet de Paris, jeune homme de grande espérance, riche en qualités brillantes et en sentiments élevés, mais un peu enfant gâté, prompt à la colère et d’un caractère assez méfiant.
Je me liai intimement avec l’un et l’autre. Je fis amitié avec tous. O’Donnell, l’élève chéri de mon cousin Alexandre de Lameth Dutilleul, beau-