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On sait, en effet, qu’à six ans de distance du Concordat, l’un des deux auteurs de ce monument de haute sagesse tenait l’autre en prison et au secret. Le pape, à Savone, ne voyait que ses geôliers on lui avait retiré papier, plumes, encre et crayons. On sait que le pape, usant à bon droit de représailles, refusait d’instituer vingt-deux évêques nommés par l’empereur, et défendait aux chapitres des diocèses d’admettre ces évêques, ne fût-ce qu’à titre de simples vicaires capitulaires.

L’orage qui grondait de ce côté ne tarda pas à fondre sur la tête de M. Portalis.

Son crime était de n’avoir point ignoré ce que personne n’ignorait, à savoir qu’il existait un bref, lequel interdisait au chapitre de Paris de recevoir le cardinal Maury, et de n’avoir pas ignoré non plus ce qu’il n’était pas difficile de deviner, à savoir que ce bref était entre les mains de l’abbé d’Astros, premier vicaire capitulaire. M. Portalis, en sa qualité de directeur général de l’imprimerie et de la librairie, n’avait ni à rechercher ni à poursuivre un écrit qui n’était pas destiné à l’imprimerie ; mais, comme il était proche parent de l’abbé d’Astros, ce fut lui qui devint le bouc émissaire de la colère impériale.