et n’épargnait pas les sarcasmes à ses conseillers ordinaires. Il ne se lassait pas de leur répéter que, dans l’administration hollandaise, tout était fondé sur la présomption d’honnêteté et de bon sens, et tout, dans la nôtre, sur la présomption de sottise et de fraude.
Néanmoins, et malgré le poids de l’approbation impériale, ce fut, de guerre lasse, notre administration qui l’emporta.
Ces graves discussions n’étaient point interrompues par les faustissimœ nuptiœ de l’empereur. Il faisait face à tout. Nous marchions de fête en fête, comme d’affaire en affaire. Étranger, par l’infériorité de ma position, à l’événement dont ces fêtes célébraient la bienvenue, je n’y figurais qu’en simple spectateur ; mais, jeune, curieux, lancé dans le monde officiel, j’étais à peu près de toutes.
Un matin, c’était, je crois, à Compiègne, la foule se pressait dans la galerie ; l’empereur la traversait, tantôt en se dandinant comme un prince de vieille roche, tantôt à pas brusques et saccadés ; chacun se rangeait et faisait la haie ; par un concours de circonstances tout à fait involontaire, je me trouvai bon gré mal gré au premier rang. Il remarqua mon humble uniforme, au milieu de tant de cordons et