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de suite ce qu’il advint de tout ceci à M. de Montrond en particulier.

Exilé de Paris, il fut exilé d’Anvers, et relégué à Châtillon-sur-Seine, avec défense d’en sortir. Ennuyé de ce triste séjour, il se procura un passeport pour l’Espagne, sous un nom supposé, fit atteler quatre chevaux de poste à sa voiture de voyage et traversa la France à toute bride, en se donnant pour un grand personnage, chargé d’une mission secrète. Arrivé à Barcelone, où il n’était pas plus en sûreté qu’en France, il s’embarqua de nuit, sur un bateau pêcheur, et chercha un refuge sur la flotte anglaise commandée par l’amiral Keith.

Là, de nouvelles tribulations l’attendaient. Le bruit de son voyage mystérieux était parvenu à l’amiral. On le prit pour le général Mouton, aide de camp de l’empereur, et, dans l’incertitude de ce qu’il venait faire sur la flotte anglaise, on le garda à vue, jusqu’au moment où on aurait reçu de Londres des instructions et pris des renseignements sur sa personne auprès de ses amis en Angleterre. En peu de jours, son esprit, sa bonne humeur gagnèrent le cœur de tous les officiers qui composaient l’état-major du vaisseau amiral et