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Louis XV et Louis XVI, étaient racontés sur un ton conforme à la nature de ce temps frivole, où le prince de Ligne comparait les batailles de la guerre de Sept ans aux batailles de la Révolution et de l’Empire, où chacun, même un très jeune homme comme moi, était incessamment provoqué à prendre part, et à dire son mot, bien ou mal.

La famille du prince était très aimable ; elle se composait de ses trois filles : la princesse Clary, la comtesse Palfy, et la princesse Flore, depuis madame de Spiegel, et de sa petite-fille, la princesse Christine, depuis madame O’Donnell, fille naturelle de son fils.

Le temps que je passai dans cette douce et paisible société me parut court, surtout en pensant à l’étrange solitude à laquelle j’étais destiné. Je vis, avant mon départ, un spectacle touchant ; ce fut la rentrée de l’empereur d’Autriche dans sa capitale, après les douloureux événements de la campagne précédente et la triste paix de Vienne. L’accueil que lui fit son peuple fut tendre et respectueux ; ̃c’était une vraie famille recevant son père à la suite de longs malheurs, et lui épargnant des reproches, qu’au reste, s’ils étaient fondés (ce dont il est permis de douter) son peuple méritait autant que lui.