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qui corresponde à un objet, que tout, dans ces régions supérieures, n’est que fantômes et illusions. Sans cela, pour peu qu’il y ait un élément positif quelconque dans la morale, dans la religion, dans la croyance au devoir absolu, cet élément ne saurait provenir de l’hérédité. L’hérédité ne crée rien, elle n’est qu’un moyen de transmission. Dès lors supposer que les notions absolues ne sont que des notions contingentes transformées, supposer que l’attrait du plaisir et l’intérêt puissent par l’hérédité produire le devoir, c’est supposer une chose impossible. C’est faire faire à l’hérédité le contraire de ce qu’elle fait par sa définition même, c’est lui donner le pouvoir non de transmettre mais de créer, c’est donner à cette cause seconde les propriétés de la cause première.

Maintenant nos adversaires iront-ils jusqu’à soutenir qu’il n’y a rien absolument de positif, rien de réel, dans ta moralité, dans l’idée du devoir, dans l’idéal, dans la notion du beau, et dans l’idée suprême qui résume et rapporte tout le monde supérieur dans l’idée de Dieu ? Il faudrait de l’audace pour en venir là, pour traiter de chimérique tout ce qui passionne l’humanité depuis son origine, pour déclarer qu’honneur, vertu, désintéressement et dévouement, tout cela n’est que fumée, que ce ne sont que des rêves et même que des mots. Et cependant, en supposant qu’ils eussent le triste courage de traiter de chimères toutes ces nobles idées, nos adversaires ne seraient pas plus avancés. Il leur resterait, en effet, à expliquer comment ces idées chimériques se sont formées. L’hérédité pour cela ne leur serait d’aucun secours. L’hérédité n’invente rien, elle ne fait que conserver. Lui prêter un pouvoir magique, croire qu’elle peut engendrer des illusions, c’est une hypothèse gratuite ; c’est plus encore, c’est la contradiction même de la notion d’hérédité. Ainsi la théorie morale de l’évolutionisme s’écroule de toute part ; son principe fondamental, la transition graduelle de l’animal à l’homme, est contraire à l’expérience et à l’observation exacte et comparative de la nature de ces êtres. Les applications spéciales de ce principe, quant à l’origine de la morale, sont également inexactes, et les explications qu’on essaye d’en tirer complètement insuffisantes pour rendre raison des vieilles croyances du genre humain.

VII

L’article de M. Schérer, auquel j’ai emprunté le passage que j’ai cité plus haut, est intitulé la Crise actuelle de la morale. C’est en effet une crise, une étrange et émouvante crise, que l’état d’esprit de ceux que ces doctrines aventureuses ont fascinés. Une société sans morale, et une morale sans l’idée du devoir, sont, quoi qu’on