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TROISIÈME PARTIE

c’était qu’ils fissent respecter ses franchises municipales. Et les rêveurs voulaient une fédération, comme en Suisse. Ce n’était pas un crime

Les circonstances qui ont amené la proclamation de la Commune, sont dues à M. Thiers et au gouvernement de la défense nationale.

Mon mari et moi, nous avions adhéré à cette Société. Je fis connaissance des citoyens Frankel, Roulier, Vermorel, Delescluse. À partir de ce moment je commençai à prendre une part plus ou moins active dans le mouvement, deux fois par semaine j’assistais aux réunions intimes, j’insistais pour que mon mari m’accompagnât, pensant que cela lui ferait une distraction et lui donnerait des pensées qui le détourneraient de ses habitudes dangereuses pour sa santé et notre tranquillité : les premières fois, cela lui convenait assez, il accepta que nous collaborions à la fondation de la boulangerie coopérative du « quartier de la Chapelle » . Nous allions au Comité aux heures libres, après notre journée terminée, ma mère gardait notre fils, lequel était déjà couché.

Nous avions aussi fondé des groupes d’études sociales, on y discutait de choses sérieuses, on formait des projets pour adoucir le sort des travailleurs, on cherchait et discutait les moyens pratiques pour engager les travailleurs à s’instruire et s’habituer à penser. À cet effet, nous rêvions de fonder des bibliothèques, nous faisions tous nos efforts pour encourager la classe laborieuse à son développement intellectuel. Nous voulions faire comprendre aux ouvriers qu’il est