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TROISIÈME PARTIE

que mon mari ne guérirait jamais, qu’il fallait ne compter que sur moi-même désormais, que malgré sa bonne volonté, il ne pouvait accomplir sa tâche sans que je l’aidasse.

Je me suis mise au travail, heureusement pour moi je gagnais assez d’argent pour maintenir notre budget en équilibre ; mais, nous avions des moments terribles à passer ; la maladie de notre cher petit fut longue et coûteuse.

Il avait alors deux ans. J’ai consulté plusieurs, docteurs, entre autres Camille Raspail, le fils du fameux Raspail, ami intime de mon père, lequel m’avait soigné dans mon enfance ; il m’ordonna un appareil compliqué, dont le coût était de trois cents. francs. Camille Raspail demeurait alors rue Madame, je demeurais rue de la Chapelle, le trajet était long et pénible pour moi, le docteur me fit faire connaissance du docteur Dupas, il était plus à ma portée, demeurant rue Myrha. Il venait chez moi deux fois par semaine visiter mon cher petit, il nous consolait de son mieux, nous disant qu’à force de bons soins l’enfant reviendrait à son état normal. Et comme il est intelligent, disait-il en riant, nous en ferons un médecin.

Comme j’étais heureuse de pouvoir soigner moi-même mon cher enfant ! j’ai beaucoup lutté, j’ai beaucoup travaillé, mais rien n’a manqué à mon cher ange. Avec la volonté on trouve les forces d’accomplir son devoir dans la vie, vouloir c’est un puissant levier qui dompte la faiblesse, et fait accomplir de grandes choses.