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CHAPITRE IX


Dans le courant de l’année 1865 mon fils tomba gravement malade, jusqu’alors il avait été un enfant magnifique ; il fit une chute affreuse, nous ne savions ce qu’il avait, le docteur découvrit qu’il avait la deuxième vertèbre de la colonne vertébrale atteinte, les ligaments étaient rompus, il cessa de marcher, notre chagrin fut grand. La question sociale s’imposa avec une grande rigueur chez nous.

Mon mari, ancien soldat, quoique bon, avait contracté au régiment des habitudes désastreuses pour sa santé et pour notre bonheur.

Il avait quitté la Garde Impériale pour se marier, il n’était pas habitué à un travail sédentaire, il dut en réalité apprendre une profession, cela lui fut pénible dans les commencements, il était habitué à la vie des camps. En ce temps là, le service était de sept ans. Les gardes impériaux avait la paie d’un sous-officier, or lorsqu’ils n’étaient pas de service, forcément, ils passaient leur temps au café. Lui, par malheur, était le fils d’un alcoolique ; quoique fort et bel homme, il avait les nerfs affaiblis, il était parfois atteint du délirium-tremens, il était travailleur, mais il ne pouvait s’astreindre longtemps {{{2}}}; il était incohérent, irrégulier dans tous les actes de sa vie. J’appris par les docteurs