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CHAPITRE VI


Orléans était maté, il ne restait plus un seul républicain connu, les uns étaient en exil, les autres en prison, à Cayenne ou à Lambessa.

Cette année là ne fut heureuse pour personne à Orléans. L’inondation fut terrible, jamais elle n’avait atteint de proportions aussi vastes, jamais les quais ne furent envahis en un espace de temps aussi court et avec une telle impétuosité. On célébrait la procession de la fête Dieu. Comme tout le monde, j’y suis allée voir. Ces sortes de fêtes avaient beaucoup d’attrait pour la population orléanaise (y compris la fête de Jeanne d’Arc.)

L’itinéraire était de descendre par la rue de Bourgogne jusqu’à la Loire, de suivre le quai jusqu’au Pont Royal. Nous pûmes sans difficulté suivre le quai jusqu’au dit pont, nous remontâmes la rue Royale en ligne directe jusqu’au Mail. Cette partie est la plus haute de la ville. Pour gagner le quai de ce côté, il y a environ 300 marches. Quelle surprise ! nous ne pûmes descendre, presque toutes les marches étaient submergées. L’élévation des eaux fut si rapide que dans l’espace de temps que nous mîmes pour faire ce parcours, nous vîmes un gouffre profond comme une cathédrale ; nous dûmes revenir sur nos pas. À Orlé-