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SECONDE PARTIE

selon l’usage ; un homme s’approche de moi, me fait sortir des rangs. Ne sachant ce qu’il me voulait, je m’avance, il veut m’emmener. Aussitôt M. Texier me saisit par la main, me tire à lui, et dit à cet homme :

— Que voulez-vous à cette enfant. Elle me fut confiée par son père et sa mère, j’en suis responsable, je ne la remettrai qu’à sa famille.

— Alors vous savez donc où est le père ?

— Non, je l’ignore, mais si je le savais, je ne vous le dirais pas.

— Je voulais quelques renseignements, dit cet homme de police, je me suis présenté chez Madame M., elle était absente.

— Cela m’étonne, dit M. Texier.

Nous rentrâmes à la maison, notre promenade était terminée.

Voici ce qui était arrivé. Mon père avait prêté son passeport à M. Crémieux pour qu’il pût passer en Belgique. Celui-ci arrivé à Bruxelles fut arrêté ; on trouva sur lui le passeport, mais comme mon père ne s’était pas encore présenté à la police pour mettre sa situation en règle, on ignorait qu’il fût à Bruxelles.

La police belge avisa celle d’Orléans, ma mère fut mandée au Palais de Justice. Elle pensa que le procureur voulait sans doute la forcer à dire où était mon père.

Ma mère était si fatiguée de toutes ces tracasseries qu’elle ne voulut pas se présenter, elle s’absenta d’Orléans pendant quelques jours.

À son retour, M. Texier raconta à ma mère ce qui s’était passé.