Page:Brocher - Souvenirs d’une morte vivante, 1909.pdf/57

Cette page a été validée par deux contributeurs.
33
SOUVENIRS D’UNE MORTE VIVANTE

père avait brûlé à temps une grande quantité de lettres (tout leur était bon).

Ils mirent de côté, tout ce qui pouvait les intéresser et ils en prirent note. Ils ont pris aussi le portrait à l’huile de mon père, puis une gravure en couleurs, représentant Jésus-Christ en robe rouge, ceint de l’écharpe tricolore, comme titre, au bas de la feuille : Vive Jésus premier représentant du peuple. Comme devise : Quiconque s’élèvera sera abaissé, quiconque s’abaissera sera élevé. (Évangile selon St-Mathieu.)

Une autre gravure, très grande également, intitulée : L’échenillement, représentant un arbre de la liberté, un chêne, emblême du peuple enchaîné. Il tombait, des branches les têtes coupées de Louis-Philippe, des d’Orléans, de Guizot, premier ministre, les financiers vomissant des billets de banque.

Au bas, premier plan, un homme du peuple avec son échenilloir, accomplissait sa besogne, Les hommes noirs avaient l’air scandalisés.

Enfin, lorsque leur vilaine besogne fut terminée, ils posèrent les scellés, et ils constituèrent ma mère la gardienne. Elle préféra accepter, que de voir un étranger dans la maison. Le lendemain ma mère me reconduisit à la pension Texier.

Notre maison étant fermée par autorité de justice abusive, il fallait que ma mère cherchât une maison nouvelle. Il faut de l’argent pour se déplacer. Après nous avoir tout pris, ils ont trouvé dans nos papiers nos notes de dépôts, ils sont allés chez notre notaire, ils ont fait mettre le séquestre sur les 3 000 francs qui