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CHAPITRE II


Quoique voulant ne retracer que mes souvenirs, je me trouve dans la nécessité de donner quelques faits de certains événements pour constater l’évolution qui s’est produite depuis ce temps-là jusqu’à la révolution de 1871.

Nous sommes en République, un gouvernement provisoire est proclamé, les membres du gouvernement déclarent la liberté de la presse, le droit de réunion, d’association et de pétition, l’abolition de la peine de mort en matière politique ; dans les colonies, l’abolition de l’esclavage pour les nègres. Actes de clémence, de générosité et d’humanité.

Après la révolution un grand nombre d’ouvriers sont sans travail, — il faut pourtant vivre, — la question sociale s’impose ; le peuple réclame le droit au travail. Nous avons trois mois de misère à mettre au service de la République, disaient les ouvriers. Le 28 février il fut décidé qu’une commission du gouvernement s’établirait au Luxembourg, sous la présidence de Louis Blanc. Les divers délégués des corporations discutèrent la question sociale et les moyens pratiques d’arriver à l’organisation du travail ; en un mot ils voulaient supprimer l’individualisme et y substituer la fraternité.