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SIXIÈME PARTIE

campagne. Il l’estimait beaucoup. Ce monsieur se fit un devoir d’envoyer un certificat au conseil de guerre.

Je suis allée chez le commissaire de police du XIIIe arrondissement, M. Dodic qui me reçut fort mal et me refusa le certificat que je lui demandais, au sujet des 20 000 francs que mon mari avait déposés au commissariat, lors de l’incendie de la rue de la Glacière, 134, dans la propriété de Mlle Lemaignan.

Je ne me suis pas découragée, immédiatement je suis allée trouver cette demoiselle, je fus très heureuse de constater qu’elle nous avait conservé ses sympathies.

Le frère de Mlle Lemagnan est allé lui-même chez le commissaire, il exigea le certificat ; le commissaire n’ayant pas le droit de le refuser, le lui donna.

Je n’avais plus qu’à attendre le résultat ; quoi qu’il arrivât, j’avais fait mon devoir. Je pouvais me remettre à l’ouvrage.

Je demandai à M. T. quelques conseils pour nos meubles qui étaient toujours à la merci du propriétaire de la rue de Lille et de M. Astier, propriétaire de la rue de Beaune.

M. T. fit une enquête, il alla rue de Lille, notre appartement était encore habité par les soldats ; il me pria de ne me mêler en rien de ces affaires-là, disant que la haine était aussi vive contre moi qu’au premier moment, qu’il était impossible de faire entendre aucune raison, que si on me trouvait, assurément je serais arrêtée ; tant que je serais à Paris il ne fallait pas espérer avoir quoi que ce soit de mes meubles. Il me conseilla de quitter la France le plus vite possible.