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CINQUIÈME PARTIE

Le sergent Laurent et deux autres étaient allés cueillir quelques feuilles d’oseille pour faire une soupe ; dès leur retour ils se mirent en devoir de la préparer. Au moment où on allait la manger, un obus éclate et renverse la marmite, le repas fut achevé avant d’avoir commencé. Le 30, à 10 heures nous reçûmes l’ordre d’aller au feu. Joyeusement, gamelles et le reste furent abandonnés.

Le général Cluseret devait distribuer des cartouches à la tranchée, où il était en observation aux abords du parc d’Issy.

Il n’y avait pas de temps à perdre, la lutte s’annonçait terrible, on conseilla tout d’abord de ne pas trop s’avancer, disant qu’il vaudrait mieux choisir une habitation rapprochée, d’où l’on pourrait tirer ; on trouva que le petit séminaire serait propice et nous y entrâmes, mais la position était mauvaise, elle aurait fait perdre trop de munitions, l’idée fut abandonnée.

Le colonel Naze et quelques chefs de l’état-major, choisirent une propriété sur la droite comme camp d’observation. Naze donna l’ordre d’aller en avant. Le commandant Martin se mit carrément à la tête de ses hommes, il était sublime d’élan.

Je voulais partir avec eux, mais on m’empêcha de franchir la barricade du Parc, toute désolée, je me rapprochai du colonel et du capitaine Letoux :

— Dans quelques instants vous nous serez nécessaire, ne vous exposez pas inutilement.

À peine sommes-nous arrivés qu’on nous annonce