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SOUVENIRS D’UNE MORTE VIVANTE

La journée du 18 mars, si belle à son aurore était vaincue d’ores et déjà au déclin du jour. L’insuccès de la révolution est tout entier dans cette journée qui promettait tant.

Si au premier moment d’effervescence on avait fermé les portes de la capitale et empêché de dévaliser Archives et Monnaie et fait bonne justice de ces gens-là, je ne dis pas en les tuant, mais en les faisant simplement prisonniers, jusqu’à ce que la force morale eût vaincu la force brutale, Thiers n’aurait pas eu le temps de tromper l’opinion publique de la Province par ses mensonges et ses corruptions.

Depuis assez longtemps il avait préparé des professionnels, agents de police, gendarmes transformés en mobiles, voire même gardes nationaux, pour le coup de main prémédité. Il était décidé à tout plutôt qu’à maintenir la République. Il espérait établir sur le trône un prince d’Orléans, au risque de travailler plus tard à le renverser, son rôle principal en tout temps ayant été de faire et de défaire les gouvernements.

Ses agents et autres soudoyés par Versailles, se seraient rendus à merci, car dans le fond ce ne sont que des mercenaires, ils auraient accepté d’être avec le maître qui les aurait payés, ils n’avaient pas d’opinion en propre.

Le 20 mars dans l’après midi nous eûmes la visite d’un compagnon d’armes de mon mari, le Garibaldien duquel j’ai déjà parlé. Il nous dit qu’on fait un appel à tous les corps francs qui sont de retour à Paris et aux soldats de l’armée régulière, qui n’ont pu être réincor-