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CINQUIÈME PARTIE

Tuer, pioupious, canaille, sotte espèce ? Est-ce un péché ?… Non ! Non !…

Vous leur ferez, Seigneur
En les tuant beaucoup d’honneur.

La société sera sauvée.

Le plan machiavélique était fait, il restait à l’exécuter. Comment ? Il aurait fallu du temps, mais les Prussiens voulaient de l’or. Il fallait agir.

Tandis que Thiers préparait son attaque clandestine sur les batteries prolétariennes, le comité central de la Garde Nationale, en prévision d’un coup d’État, cherchait à former une fédération des gardes nationaux de Paris.

Le comité central n’avait encore que 23 membres, dont les pouvoirs étaient vérifiés ; à 1 heure du matin, ils se séparaient, ne se doutant pas de ce qui se tramait contre Paris.

À 4 heures du matin, le 18 mars, le général Susbeille s’empara, sans coup férir, de la position de Montmartre, un factionnaire tué reste seul sur le carreau, les autres, cinquante tout au plus, sont faits prisonniers. Les canons pris, point de chevaux pour les emmener. Le temps s’écoule dans l’inaction voulue ; ce n’était pas seulement pour les canons qu’on avait fait ce guet-apens, on désirait une petite émeute, pour effrayer la Garde Nationale et pouvoir saigner le peuple ; enfin à leur tour quelques gardes nationaux rassemblés en hâte donnent l’assaut à la butte, s’emparent du général Lecomte, et fraternisent avec les troupes ; le général Susbeille et sa suite, fuient, laissant aux mains de