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CHAPITRE XXI


Avant l’entrée des Prussiens à Paris, le peuple avait transporté ses canons sur la butte Montmartre, car il était décidé à ne pas permettre qu’ils tombassent entre les mains de l’ennemi. Je laisse aux historiens à raconter l’histoire officielle de la Commune, comme je l’ai fait pour le premier siège. Je limite mon récit à ce qui m’est personnel.

Le 17 mars une grande agitation régnait dans Paris, on pressentait un danger, le peuple voulait se tenir sur ses gardes, mais Thiers préparait dans l’ombre un coup fourré ; renard, il pensait qu’au jeu, la première mise a presque toujours l’avantage sur l’adversaire.

L’assemblée de Bordeaux sentait bien que sa place était dans la capitale historique, mais elle avait peur des 400 000 fusils restés, entre les mains des combattants. Elle savait aussi qu’il fallait payer 5 milliards aux Allemands. Où les prendre, si ce n’est dans la poche du travailleur ? Il fallait absolument taper les Parisiens. Ainsi, d’un côté la peur, de l’autre nécessité d’argent. Il fallait donc aller au plus pressé. Désarmer Paris ; puis on pourrait lui faire suer son argent pour la rançon par de nouveaux impôts indispensables. On tuerait des citadins,

Mais qu’importe qu’un sang vil soit versé ?