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SOUVENIRS D’UNE MORTE VIVANTE

vante, les yeux n’ont plus leur éclat, quelle consternation !

On n’entend plus le canon vibrer ; cela produit une singulière sensation, ce bruit infernal était une seconde existence à laquelle nous nous étions habitués, et où nous puisions le courage et la force de résistance. Paris semble une ville terrifiée, préparant un suaire pour la France agonisante.

Le bruit de nos pas dans la rue, le son de notre voix, tout nous semble étrange, on se croit sourd, on écoute, puis rien ! C’est à rendre fou.

Le bruit du canon, c’était encore la vie, le mouvement, la continuation du rêve, l’espoir du lendemain.

Maintenant plus rien !… Que va-t-il se passer, qu’allons nous devenir ?

Le général Trochu a donné sa démission, le général Vinoy le remplace. Ce n’est pas un doux celui-là, ce n’est pas lui qui apportera le baume bienfaisant pour cicatriser la plaie vive de l’âme parisienne.

24. Saint Cloud brûle toujours ; toutes les maisons de la rive gauche sont endommagées, elles aussi portent de larges blessures ; les obus ont éclaté jusqu’au centre du boulevard Saint-Michel, je pense que les autres points autour de Paris n’ont pas été mieux traités.

26. La canonnade recommence plus fort que jamais et sans raison, les préliminaires de la paix étant commencés.

Pour faire les commissions il faut marcher à quatre pattes, longer les murs, et se coucher à plat, face