gnie fut requise pour aider au déblaiement des décombres.
On battit le rappel dans le quartier ; lorsque le service d’ambulance fut réuni, nous partîmes dans la direction de la rue de Grenelle pour nous rendre à Javel ; lorsque nous arrivâmes sur le lieu du sinistre, c’était épouvantable, l’explosion avait été terrible, le sol était labouré en tous sens, une maison assez éloignée était absolument criblée, toutes les vitres brisées.
Les morts étaient nombreux. De la manufacture même, il ne restait que des pans de murs ; sur le terrain à une distance assez éloignée, nous avons trouvé des débris de casseroles en cuivre auxquels il y avait encore adhérant, des lambeaux de chair. J’ai aidé à relever, non pas des êtres qui avaient vécu, mais des lambeaux informes de chair humaine, que l’on déposait ensuite dans de grandes boîtes, sortes de cercueils ; ça et là, nous trouvions un bras, une jambe, une cervelle éclatée sur des débris de pierre, c’était une bouillie on n’a pu rien reconstituer. Nous sommes restés à Javel plusieurs heures ; notre tâche accomplie, nous sommes revenus bien tristes.
C’était la première fois que j’assistais à une chose aussi horrible ; pendant plusieurs jours, ce spectacle affreux était toujours devant mes yeux. J’étais tellement impressionnée, je me demandais si vraiment j’aurais la force et le courage de continuer la tâche que j’avais voulu entreprendre. En réalité, je n’avais jamais été parmi les masses, ni comme famille, ni