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QUATRIÈME PARTIE

mari m’embrassa et me recommanda chaleureusement notre cher petit et ma mère. Dans trois à quatre jours, tu auras de mes nouvelles, disait-il. Je compte sur ton courage et ta volonté.

Dans quelques jours nous en aurons fini avec la Prusse, nous rentrerons vainqueurs dans Paris.

Ils étaient convaincus que la République ferait ce que l’empire n’avait pas voulu, ou pas pu faire.

Le 20 septembre les portes de la ville de Paris étaient fermées, nous étions en état de siège. Le 21 nous étions cernés, l’armée prussienne nous entourait déjà dans un cercle de feu.

Lorsque je revins vers ma mère, je la trouvai en larmes, avec mon chéri dans ses bras, l’autre petit garçon, appuyé sur ses genoux ; elle avait moins confiance que moi dans l’issue prochaine de la guerre.

Le 28 septembre, nous connaissions l’affaire de Châtillon.

Paris était encore une fois contraint à la guerre. On organisa la Garde Nationale en trois bataillons différents : bataillon de marche, bataillon à la garde des bastions, bataillon sédentaire, pour la garde des quartiers.

Comme il n’y avait pas assez de vêtements pour équiper tout le monde, on organisa du travail dans les 20 arrondissements de Paris. Dans chaque mairie on fit distribuer des vareuses et des pantalons tout coupés, pour donner du travail aux femmes, dont les maris étaient aux remparts ou ailleurs.