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TROISIÈME PARTIE

joyeux, le lendemain, si elles étaient laconiques, quelle tristesse peinte sur les visages !

Enfin ce fameux jour, le 31 août, duquel on espérait une victoire, arriva.

Le calme des Parisiens n’était qu’apparent, nous n’étions pas sans inquiétude. Nous savions qu’une grande bataille était livrée dans les Ardennes, nous en attendions le résultat avec résignation. Les nouvelles officieuses étaient assez rassurantes, mais les nouvelles officielles faisaient défaut.

Télégramme de l’agence Havas :

Bouillon, 31 août.

Un combat a commencé à Bazeille[1] à 9 heures du matin. Les Français ont pris trente pièces de canon.

Le premier septembre, rien de positif n’était encore connu à l’heure où ces dépêches parvenaient en France, tout était terminé, fini, non pour la France, mais pour la dynastie, tout était perdu, même l’honneur.

Le 2 septembre, pour la première fois dans cette campagne, Napoléon sortit son épée du fourreau, pour la remettre entre les mains du roi de Prusse.

L’armée est cernée par 200 000 Allemands.

On fit monter l’empereur dans une voiture découverte, pour le conduire prisonnier de guerre au Château de Beaumont.

Le samedi, 3 septembre, seulement, on apprit à Paris la nouvelle de la capitulation de Sedan, c’est-à-dire

  1. Voir bataille de Bazeille. Histoire de la Révolution, page 223, par Jules Clarétie.