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du problème de l’erreur

de la doctrine que l’impuissance de ses représentants qu’il faudra accuser ; il ne restera plus qu’à changer de point de vue et à abandonner le principe de la métaphysique dogmatique.

Si l’on voulait disposer ces doctrines d’après les rapports que l’analyse découvre entre elles, si on osait préférer l’ordre logique à l’ordre chronologique, la théorie de Spinoza devrait être placée la première, celle de Platon viendrait ensuite, et c’est par celle de Descartes qu’il faudrait finir.

La théorie de l’erreur, d’après Spinoza, est la plus absolue et peut-être la plus conséquente avec le principe du dogmatisme métaphysique. Spinoza ne recule devant aucune conséquence de ce principe ; ainsi qu’on le verra, il nie l’erreur, comme Parménide, avec qui il présente d’ailleurs tant de points de ressemblance, niait le non-être.

La métaphysique de Platon est expressément une correction de celle de Parménide ; de même sa théorie de l’erreur pourrait être considérée comme une correction de celle de Spinoza.

Descartes, d’accord avec ces philosophes sur la question des rapports de l’esprit avec les choses, s’éloigne d’eux par la part qu’il fait à la volonté dans sa théorie de l’erreur et dans celle de la certitude ; par là on peut dire qu’il prépare l’avènement de la philosophie critique. — Descartes est sans doute le maître de Spinoza ; mais, en dépit des théories sur le dévelop-