qui sont des modèles et principalement sur le vivant en soi, αὐτο ζῶον, dont il paraît bien qu’il participe lui-même. On est ainsi amené, prenant au pied de la lettre les textes ou les mythes du Timée, à considérer le démiurge ou le dieu de Platon comme un être inférieur et dérivé, subordonné aux Idées exactement comme le Jupiter de la religion grecque est subordonné au fatum, à cette différence près que, dans le système du philosophe grec, ce qui domine la divinité n’est plus une force aveugle et sourde, mais au contraire le suprême intelligible et la souveraine perfection. Cette interprétation est d’ailleurs confirmée par le passage du Phèdre où tous les dieux et le plus grand de tous à leur tête nous sont représentés contemplant les essences éternelles situées en dehors du ciel, ἔξω τοῦ οὐρανοῦ (247, C). Dans les deux dialogues, la divinité habitant à la limite du ciel appartient au monde de la génération ou du devenir.
À la vérité, on pourrait être tenté d’identifier le dieu de Platon ou le démiurge du Timée avec le principe qui dans le Philèbe (27, B) est appelé la cause, αἰτία, distinguée du fini, πέρας, de l’infini, ἄπειρον, et du mélange des deux, μιϰτόν, et, pour le dire en passant, ces quatre principes des choses du Philèbe, sous des noms différents, correspondent exactement aux principes du dialogue soi-disant mythique du Timée : l’être, le devenir, le démiurge et la matière. Édouard Zeller a interprété cette doctrine du Philèbe en ce sens que ce seraient des Idées que désignerait le mot αἰτία. Mais cette interprétation est contredite par le fait que dans le Philèbe la cause est expressément appelée Jupiter et intelligence royale : Ζεύς ϰα βασιλιϰὸς νοῦς (30, D) ; et, dans le même endroit, il est dit, comme d’ailleurs dans le Timée, que l’intelligence suppose une âme, le νοῦς, la ψυχή. Si le démiurge du Timée est identique à la cause du Philèbe, il est donc une intelligence et une âme. Or les dialogues les moins mythiques de Platon nous représentent l’intelligence, νοῦς, comme inférieure de quelque degré à l’Idée du Bien. À la fin du Philèbe, lorsque le philosophe, voulant définir le souverain Bien et ne pouvant en atteindre l’idée unique, essaye de l’embrasser sous trois idées différentes : σὺν τρισὶ λαϐόντες (65, A), il les énumère par ordre de dignité et place au premier rang la symétrie, συμμετρία, puis